Comme
nous l'avons signalé
précédemment, les combustibles
utilisés dans un
réacteur de fusion sont abondants, également
répartis à travers le monde et de grande
densité
énergétique. –
Le
deutérium est extrait de l’eau de mer et les
réserves sont estimées à plusieurs
millions
d’années. –
Dans un réacteur de fusion, le tritium sera
fabriqué in
situ à partir du lithium qui est très abondant
dans la
croûte terrestre et les océans.
De plus, le tritium est un élément radioactif de
période radioactive de 12.3 ans. Il est produit et
stocké
sur site pour une utilisation par le réacteur. Son
rayonnement
est peu pénétrant puisque 5
millimètres
d'air suffisent à l'arrêter. La contamination ne
peut donc
intervenir qu'en cas d'absorption ou de respiration. Le tritium ne
s'accumule pas dans les organismes biologiques : il disparaît
naturellement avec une période de l'ordre de 10 jours
(période biologique). Sa période radioactive de
12.3 ans
fait qu'il disparaît rapidement : au bout de 125 ans, il n'en
reste qu'un millième. Par
conséquent, aucun
des combustibles de base, le deutérium et le lithium, pas
plus
que le produit de la réaction, l’hélium
(un gaz
neutre), ne sont radioactifs et ne contribuent pas à
l’effet de serre ou à la destruction de la couche
d’ozone. Si
l’on excepte le
premier démarrage qui nécessite une charge
initiale en
tritium, un réacteur de fusion ne demandera pas de transport
de
matière radioactive. Des mesures de
confinement du
tritium et de détritiation de substances
contaminées par
le tritium devront être prises, mais durant
l’opération normale, la dose à laquelle
sera
exposée la population avoisinant le réacteur sera
une
fraction de la dose due à la radioactivité
naturelle.
A la fin de la
vie du
réacteur de fusion, les matériaux entourant le
plasma et
constituant la structure du réacteur seront
activés. Sur
le plan de l'impact environnemental, le choix pour ces
éléments de structure de matériaux
à faible
activation (ou plus exactement à temps de
décroissance
rapide) permet de minimiser les quantités de
déchets
radioactifs. Après une période de 100 ans suivant
l'arrêt définitif du réacteur, la
majorité
(voire la totalité) des matériaux peut
être soit
considéré comme des déchets de
très faible
activité (satisfaisant aux normes de
déclassification des
déchets nucléaires définies par l'AIEA
et
recommandées par la Commission Européenne) soit
recyclé dans la filière nucléaire.
Cette
qualité peut
être illustrée par une image forte (figure 1) : en
moyenne
après 100 ans de décroissance, la
radioactivité
moyenne des matériaux d'un réacteur de fusion est
plus
faible que celle des cendres du charbon qui aurait produit la
même quantité d'énergie.
L'élimination des
déchets de fusion par la génération
qui a
contribué à les créer est un objectif
tout
à fait réalisable. La radioactivité
n’est
donc pas inhérente à la fusion
nucléaire,
contrairement à la fission nucléaire ou la
réaction elle même mène à la
production
d’éléments radioactifs de longue
durée.
Figure
1 : radiotoxicité après
l'arrêt du réacteur.
Source : EURATOM
CEA
2. Impact global sur
l'environnement.
Toute activité
humaine agit directement ou indirectement sur l'environnement. La
sensibilisation croissante des opinions publiques aux questions
environnementales a conduit à s'interroger sur une
méthode permettant de mesurer les impacts de l'utilisation
de
l'énergie. Pour cela, l'Union Européenne, dans le
cadre
du programme ExternE (Externalities of Energy), a
étudié
la notion d’externalité associée
à la
production d’énergie. Toute conséquence
(négative ou positive) d’une activité
qui
n’est pas prise en compte dans le coût de cette
activité génère une
externalité (ou un
coût externe). Les externalités peuvent
être
assimilées à une unité de mesure
permettant de
quantifier l'impact sur l'environnement d'une activité : une
faible externalité indique un faible impact sur
l'environnement.
Sommairement, la méthodologie
d’évaluation des
externalités d’un système de production
d’énergie est basée sur
l’identification des
émissions dues à ce système, puis sur
l'étude du transfert des polluants dans
l’environnement et
enfin sur l'évaluation et la quantification en terme de
coûts des impacts sur l’environnement et la
santé.
Cette analyse est menée à tous les stades de la
filière considérée (extraction du
combustible,
construction de la centrale, exploitation, accident,
démantèlement…). Cette analyse permet
par exemple
la prise en compte des effets néfastes sur la
santé de
l'exploitation minière ou de la pollution liée
à
l'utilisation des énergie fossiles (problèmes
respiratoires,...).
Les
résultats
provenant d’une part de l’étude ExternE
montrent que
les externalités de la filière fusion sont les
plus
basses de toutes les filières
considérées (figure
2). L'énergie de fusion est la filière
énergétique présentant les impacts sur
l'environnement les plus faibles. Ceci est la conséquence
des
avantages inhérents de la fusion : pas de pollution
atmosphérique en fonctionnement, filière
produisant le
moins de CO2, ...
Figure
2 : Comparaison des externalités (coûts
externes) de plusieurs filières
énergétiques Source :
EURATOM CEA
3. Une énergie
économiquement crédible.
Le graphique
ci-après compare les coûts totaux du KWh pour
plusieurs
énergies.
Coûts globaux typiques pour différentes sources
d'énergies. Source : EURATOM
CEA
--Si l’on tient compte des
coûts
directs, on constate que ce sont les énergies «
classiques
», comme le charbon, le gaz et les centrales
nucléaires
à fission, qui sont les plus compétitives.
Malgré
tout, la prise en compte des externalités (ces
énergies
favorisant l'effet de serre) place les centrales nucléaires
à fusion devant le charbon et le gaz. Il faut noter
cependant
que ce graphique ne tient pas compte d'une éventuelle taxe
sur
les émissions de CO2 responsables de l'effet de serre qui
toucherait notamment les filières du gaz et du charbon.
--Les énergies renouvelables (solaire,
hydraulique, éolien,...) présentent un
coût global
supérieur à celui de la fusion. Concernant le
solaire et
l'éolien, ce graphique ne prend pas en compte, le
coût de
stockage de l'énergie qui pourraient doubler les
coûts.
--L'énergie de fusion se situe entre
le solaire et
l'éolien avec un avantage certain : sa production est
constante
à toute heure de la journée.
Cela
confirme
donc que l'énergie de fusion peut être une
filière
énergétique crédible.