III. Les Difficultés à surmonter



A.  Un projet à trop long terme

Dans un article du journal Le Monde datant du 28 Septembre 2005, intitulé ITER, un projet pharaonique, on voit que la communauté scientifique n'est pas unanime au sujet à son sujet, et qu’il ne s'agit pas seulement de la communauté des physiciens français. Certains pensent qu'ITER représente, à l'heure actuelle, le seul chemin raisonnable ; d'autres estiment que tant que la bonne technologie n'est pas trouvée, il faut explorer plusieurs pistes à la fois et ne pas écraser, par un projet démesuré, les autres chemins d'étude de la fusion contrôlée ; d'autres encore, dont Jacques Treiner, professeur à l'université Pierre et Marie Curie et Sébastien Balibar, directeur de recherches à l’école normale supérieure du CNRS insistent pour qu'on ne sous-estime pas des problèmes qui peuvent paraître secondaires tant que l'on s'intéresse à la physique du plasma mais qui deviennent cruciaux dès lors que l'on envisage un passage à l'échelle industrielle.

"ITER n'est pas une machine de développement technologique : c'est un projet à finalité technologique, encore à l'état de recherche fondamentale. La fusion ­ à supposer que les problèmes de matériaux soient résolus ­, ne semble pas être envisageable avant le XXIIe siècle. Or l'évolution du climat appelle des solutions urgentes.

En effet, les conséquences de la consommation actuelle d'énergie sur le climat ne font plus de doute. 80 % de l'énergie primaire consommée dans le monde est d'origine fossile (pétrole, gaz, charbon). L'augmentation résultante de la teneur de l'atmosphère en gaz à effet de serre conduira à un réchauffement moyen compris entre 2 et 6 degrés, à l'horizon 2 100, suivant les scénarios envisagés. Il semble bien que ce réchauffement, qui augmente les échanges d'eau entre l'équateur et les pôles, s'accompagne d'une amplification de la violence des événements extrêmes : tempêtes, cyclones. Il est donc urgent de diminuer la consommation d'énergies fossiles. Même les recommandations de Kyoto sont timides quant aux risques.

Outre qu'il est indispensable de cesser de gaspiller l'énergie, les deux voies de production propre les plus prometteuses sont le solaire et la quatrième génération de centrales nucléaires à fission. Le solaire est très peu développé (moins de 1 % de l'énergie primaire consommée actuellement), mais il est très abondant : la consommation totale de l'humanité correspond à un dix-millième de l'énergie qui nous parvient du soleil. Outre le solaire thermique et photovoltaïque, d'autres technologies sont explorées pour résoudre le problème du stockage, notamment en Espagne. La France est absente de ces recherches.

La quatrième génération de centrales nucléaires aura l'immense mérite de brûler tous ses déchets lourds, ce qui lui permettrait non seulement de devenir propre mais aussi de fonctionner pendant des milliers d'années, surtout en utilisant la très prometteuse filière du thorium. C'est là selon les réfractaires au projet que les efforts devraient porter, et c'est là qu'ils sont singulièrement insuffisants."

En conclusion, il faut savoir que le premier réacteur à fission nucléaire n’est apparu que trois ans après la découverte par Meitner et Frisch en 1938, c'est-à-dire début 1942. "Par comparaison, l'idée de la fusion thermonucléaire est là depuis cinquante ans, et le fonctionnement en continu du réacteur DEMO, qui représente une étape post-ITER, ne semble pas possible avant cinquante autres années. Et comme tout le petit monde de la science s’accorde à le dire, ce n'est évidemment pas la qualité des personnes qui est en cause mais la difficulté des problèmes à résoudre."

 

Ainsi, c’est surtout l’argent « mal investi » dans ce projet qui est critiqué. On ne reproche pas aux pays soutenant ITER de se pencher sur la question de la fusion nucléaire, mais plutôt de laisser de coté toutes les autres possibilités de recherches moins coûteuses, et pas pour autant moins intéressantes à première vue.




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Les textes entre guillemets "..." sont issus d'un article paru dans Le Monde et disponible sur le site de Sébastien Balibar. /!\