III. Les
Difficultés à surmonter
B. Le problème des enceintes
de confinement
1. Les
« neutrons libres »
Pour
expliquer ce problème, il faut tout d’abord se
remémorer la réaction de fusion qui est
utilisé
dans ITER ; Il s’agit de lier une molécule de
deutérium avec une molécule de tritium, afin
d’obtenir comme on l’a vu plus haut une
molécule
d’hélium ainsi qu’un neutron.
Lors de la réaction de
fusion, se sont en partie ces électrons qui fournissent
l’énergie, en plus du rayonnement
(radioactivité
alpha).
Et c’est à ces
neutrons, appelés « neutrons rapides »,
que nous
allons nous intéresser. Ils tirent leur énergie
de la
vitesse à laquelle ils sont émis (on sait en
effet que
l’énergie E=1/2.m.c²) et qui, comme leur
nom
l’indique, est importante. Or, ces neutrons sont nouveaux
pour le
monde scientifique, qui n’en a jamais manipulés.
Et
même le Prix
Nobel de Physique japonais Masatoshi Koshiba
explique que
« dans ITER, la réaction de fusion produit
des neutrons de grande énergie, de 14 MeV
(mégaélectronvolts) niveau jamais atteint encore.
[...]
Si les scientifiques ont déjà fait
l'expérience de
la manipulation de neutrons de faible énergie, ces neutrons
de
14 MeV sont tout à fait nouveaux et personne à
l'heure
actuelle ne sait comment les manipuler »
.
Et ces neutrons
rapides sont
en effet capables de générer des
quantités
importantes de déchets radioactifs en entrant en collision
avec
les parois du réacteur. « S’ils doivent
remplacer
les absorbeurs tous les six mois, cela entraînera un
arrêt
des opérations qui se traduira en un surcoût de
l'énergie ».
2.
L’étanchéité
Comme on l’a vu
précédemment la réaction de fusion
nucléaire nécessite un vide absolu, chose fort
difficile
à réaliser dans le réacteur, ce qui a
entraîné l’apparition d’un
nouveau
problème.
Mais avant d’aborder
celui-ci, rappelons rapidement le phénomène de
fusion :
on sait qu’il aboutit de cette réaction
l’apparition
d’électrons « rapides », ainsi
que de
radioactivité alpha. Or c’est cette
radioactivité
qui est à l’origine de la production
d’hélium. Celui-ci migre dans la paroi, se ramasse
en
bulles de gaz et la fait gonfler, ce qui entraîne la perte de
son
étanchéité, et donc la perte du vide
absolu
nécessaire à la réaction. Et cette
défaillance entraînerait de fréquents
changements
de cette paroi, ce qui aurait pour conséquence
d’augmenter
la quantité de déchets nucléaires
déjà importante.
Le problème n’a
pour seule solution que la découverte d’un
matériau
qui soit perméable à
l’hélium, mais
totalement étanche pour permettre le maintien de la fusion.
"Poreux et étanche : c'est évidemment
contradictoire et
personne ne connaît la solution. Ce problème
était
tellement complexe qu'il était prévu de
l'étudier
avec une machine spéciale, l’Ifmif (International
fusion
materials irradiation facility), que les négociateurs d'ITER
ont
finalement prévue au Japon, mais dans un avenir incertain.
Ce
problème de matériau était bien
sûr connu
depuis longtemps. Faute de le résoudre, la fusion
n’aurait
jamais produit d'électricité commercialisable. Or
Ifmif
coûtait environ dix fois moins qu'ITER. Alors certains se
demandaient « pourquoi n’a-t-on pas
commencé par
là ? »" (Source
: Jacques Treiner et Sébastien
Balibar )
Schématisation du
Problème
d'Etanchéité |
Il
se produit ensuite le phénomène suivant :

Néanmoins, ce
problème « insoluble » a sa solution :
le
confinement magnétique (mentionné dans le I). En
fait, il
faut savoir que le plasma est un fluide électriquement
conducteur, mais globalement neutre, dans lequel les ions et les
électrons se déplacent presque
indépendamment les
uns des autres. Plongés dans un champ magnétique,
ils
vont suivre des trajectoires en forme d’hélices
qui
s’enroulent autour des lignes de champ et y restent
«
piégés ».
Par
ailleurs
il existe également une autre technique de confinement
appelé confinement inertiel, mais que nous ne traiterons pas
au
cours de ce mémoire, car il est beaucoup moins
utilisé.
3. Le
confinement magnétique
Voici une rapide explication du principe de confinement
magnétique, qui sera abordé plus en
détail lors de
l’oral.
(Pour
plus de détails : Clefs CEA n°49 - Printemps
2004 - page 48)
• Dans un plasma à
l’état
libre (a), les particules ont une trajectoire aléatoire et
vont
s’échapper.
•
Si ce plasma baigne dans un champ magnétique rectiligne (b),
les
particules s’enroulent autour des lignes de champ et ne
peuvent plus
atteindre les parois latérales.
• Afin
d’éviter par ailleurs les
pertes aux extrémités du champ
magnétique, la
« boite » est refermée en tore (c).
•
Enfin, pour minimiser encore les fuites de particules, les lignes de
champ doivent être hélicoïdales (d). En
effet, avec cette forme
torique, le champ magnétique est plus important vers la
paroi
intérieure de la « boite ». Les
particules chargées, subissant d’une
part la force centrifuge (due à leur rotation à
grande vitesse) et
l’inhomogénéité du champ
magnétique ont tendance à se séparer,
vers le
haut et vers le bas, et elles finissent par sortir de leur
piège. Pour
compenser cette dérive, il est donc nécessaire
que les lignes de champ
soient comme on le voit en (d).